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Aude Descombes
Mix Maxence
Au Ve siècle, en Écosse, Maxence, princesse chrétienne est promise en mariage à Avicin, prince païen. Refusant cette union, elle s’enfuit, traverse la Manche et se retrouve en Gaule. Pour franchir la rivière Oise, elle y jette 3 pierres. Mais Avicin la rattrape et, de colère la décapite.
Morte, Maxence se relève de terre pour porter sa tête vers une sépulture décente. De cette traversée, nait sous son nom actuel la ville de « Pont-Sainte-Maxence ».
S’inspirer de ce mythe, en extraire les moments « clés », les croiser avec des éléments trouvés au château, avec ma propre mémoire. Mixer.
Dans l’imaginaire, le grenier est le lieu où logent les fantômes, où sont entreposés meubles et objets hors d’usage. Les graines se mélangent à la poussière. Souvenirs et devenirs. Ici, l’ espace du grenier m’évoque celui d’un théâtre, d’une église ou d’un bateau renversé, celui de la traversée de Maxence d’un pays à l’autre, d’une rive à l’autre, d’une réalité à une autre. Je le choisis comme espace de travail et d’exposition.
Comme supports à ma peinture, je récupère des chutes de tissus du château que je monte sur châssis. Anciennes toiles à matelas, rideaux, chemise de nuit et autre. Des tissus à motif, usés, troués, parfois rapiécés, accidentés.
Couleurs, oiseaux, objets, signes, symboles, fleurs sont projetés sur la toile comme si ces éléments étaient des graines, de la poussière tombée du jardin ou des morceaux de temps cristallisés. Participer du motif du tissu, le contredire, le redire. Des éléments hétéroclites se rencontrent. Un zigzag entre sens et non sens. Un battement.
Convoquer les fantômes. Voir apparaitre des structures, être à la lisière de l’abstrait.
Le blason est une forme de carte d’identité née à l’époque du Moyen-Âge. Il offre à la vue la mémoire des lignées. Il fait face. Il se dit, clame avec clarté, mais il est aussi énigmatique, crypté, polyphonique. Il est ouvert à interprétation, ambivalent.Coudre ensemble tissus anciens et tissus contemporains orientaux glanés au marché de Creil .
Mixer époques et cultures. Rapiécer. Voiler, amuser le regard tout en ouvrant les rideaux. Chaque symbole peut devenir une fenêtre vers un ailleurs.
Croiser les branches, chutes d’arbres pour créer un feu.
Croiser les lignes pour créer un foyer.
Entrelacer les langues et nouer l’étreinte.
Mixer les choses et les symboles.
Tisser les époques entre elles.
Jeter des pierres dans la rivière pour fonder un pont.
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